Une photo inspire un récit (jeu d'écriture)

NOUVELLE PHOTO

"Je suis certaine je te dis , certaine !" Répond Berthe

"Comment est ce possible une telle chose ?" S'exclamait Jean en regardant par la fenêtre.

Berthe le rejoint en lui expliquant la scène qu'elle avait vue de loin, de l'autre côté de la rue chez leurs voisins. Elle lui parle de la dispute, des gestes de la femme qui semblait catastrophée, bras en l'air toutes les cinq minutes. L'homme qui fermait la fenêtre et commençait à tirer les rideaux, pas suffisamment  semble t il .

Et oui elle l'avait vue partir dans la cuisine et être poursuivie par l'homme particulièrement agressif.
De longues minutes, ils sont restés ainsi à crier si fort que le bruit de la rue n'arrivait pas à couvrir le leur. Faut dire qu'à cette  heure là, aux alentours de trois heures du matin, en plein été, la ruelle est plutôt silencieuse. Berthe expliqua alors que les fortes chaleurs de ces derniers jours rendaient les gens fous. Puis ce fut le tour de Jean de s'insurger contre elle, comment pouvait il ce passer un truc pareil sans qu’elle l'appelle de suite .

La police était à présent sur les lieux, toutes  lumières  allumées, Jean rageait encore dans sa barbe cheveux hérissés d un sommeil profond .
Voilà il avait tout loupé…….

Elle qui n'avait fait que son devoir de bonne citoyenne, finissait par douter ! Avait elle eu raison d'appeler ceux ci plutôt que son mari ? pour une fois qu'un crime se passait dans ce quartier huppé

Le couple, deux jeunes d’environ 30 ans, s’extasient devant ce bel immeuble ancien du boulevard Edouard Herriot. 4 étages, façade récemment rénovée, il a tout pour plaire. L’entrée, bien éclairée, mène vers l’ascenseur au centre de la cage d’escalier qui monte en tournant vers le dernier étage où se situe l’appartement à visiter, un T4 bien éclairé,  spacieux, avec du parquet récemment posé. De larges fenêtres s’ouvrent sur la rue et sur une cour intérieure. La visite commence.

- Tu ne crois pas qu’il manque quelque chose ? Demande la femme à son époux.
- Quoi par exemple ?
- Je ne sais pas, mais il manque quelque chose…

La visite se poursuit, et toujours la même remarque : « il manque quelque chose ».

Des clients difficiles, voire imbuvables, on en croise tout le temps. Aujourd’hui, je crois que j’ai tiré le gros lot.

Dans la cuisine, il manque quelque chose, dans les chambres, il manque quelque chose, dans les toilettes, le séjour, la salle de bains, il manque quelque chose ! Le mari, qui semble à bout, continue malgré tout la visite qui prend l’allure d’une véritable inquisition. La jeune femme prend des notes, fait des photos, la visite s’éternise et j’ai d’autres rendez-vous dans la matinée.

Le prix de vente ne semble pas poser de problèmes, mais la femme regarde partout, ouvre les placards, regarde par les fenêtres, mesure le balcon, s’inquiète du vis à vis, du bruit de la circulation, recommence l’inspection de l’appartement. Je sens que je vais exploser tant je bous intérieurement. On est pourtant dans un quartier chic de Marseille, mais rien ne va. Et pour cause, car… il manque quelque chose. Le mari, qui semble résigné depuis longtemps, suit sa femme tel un zombie. Une heure de retard, je tente fébrilement de joindre le client suivant pour lui dire que le rendez-vous est reporté, ce qu’il prend très mal.

- Alors, vous avez pris une décision ? Dis-je d’une voix que je veux aimable mais qui tremble un peu
- Je ne sais pas, cet appartement est très bien, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai le sentiment qu’il manque quelque chose.

Alors, n’y tenant plus, je lance une réponse qui jaillit telle une pique lancée avec rage :

- Il ne manque rien madame, mais vous, je sais ce qu’il vous manque : quelques cases que vous feriez bien de rechercher et vite.

Outrée, elle me toise d’un regard glacial et quitte l’appartement en me promettant de mettre un avis négatif sur le site de l’agence. Le mari, en partant, me chuchote : « ne vous inquiétez pas pour l’avis, je m’en occupe » accompagné d’un sourire malicieux.

Un petit café bien chaud pris à la terrasse d’un petit restaurant en bas de l’immeuble finit par faire passer mon stress.

Je passe tous les jours à côté cet immeuble, empruntant le trottoir d’en face.

Dernier étage en dessous de l’habitation sous les toits, elle est la seule à posséder un balcon où elle y fait pousser des fleurs.

Jamais je ne l’aperçois à travers la fenêtre, mais je devine sa solitude, assise à son piano, jouant pour les oiseaux en été fenêtre ouverte.

En automne, je l’imagine installée sur son canapé à lire des romans de Jane Austen, souriant aux romantiques en attendant les heures qui passent, jusqu’à la tombée de la nuit qui arrive de plus en plus tôt.

Je me demande de quoi sont faits ses rêves, là quand la lune monte.
A-t-elle encore des espoirs ? Ses pensées nocturnes sont-elles faites de doutes ?

Je ne le saurai jamais, mais tous les jours de la semaine je pense à elle car elle me rappelle combien l’existence devrait compter pour tous, même celle des personnes invisibles.

Elle avait reçu sa tenue de hippie il y a déjà 15 jours, elle était vraiment superbe, L'heure était  venue de la mettre. Quand arriva enfin la soirée privée dans le club le plus huppé de la région, où elle avait été invitée, elle était excitée comme un acarien au salon de la moquette. D'ailleurs, une soirée "Woodstock 1969, Flowers Power", c'était un genre de salon de la moquette,    pas celle qui recouvrait tout depuis des mois, la nouvelle mode à cette époque, non ! Celle que l'on fume et qui vous envoie dans d'autres mondes, les paradis artificiels où l'on est "comfortably numb" comme le narre si bien ce groupe anglais, les "Pink Floyd". Les odeurs d'encens, de patchouli, se mêlaient à celles de diverses herbes exotiques, la plupart marocaines. Toute la clique était là, superbement déguisée, maquillée, tatouée, coiffée ou perruqué pour les garçons, c'était un éblouissement, un florilège de tenues multicolores vives,  l'anti pastel et l'anti noirs absolus ! Elle frissona , la mise  en orbite fut instantanée.

Tout ça n'était pas très élégant, certes, mais finalement c'était beau et surtout très jovial. La musique donnait elle aussi le ton "Canned Heat" , "jimmy Hendrix", "The Who",'Creedence..." etc. longue était la liste de ces nouveaux chanteurs ou groupes devenus mythiques depuis.

"Tiens fume, c'est du basilic et de la farigoulette, pourquoi Ducros se décarcasse ?" lui hurla dans l'oreille un petit homme chauve, hilare, un pétard à la main. Un tel accueil ne se refusait pas, elle tira 2 longues bouffées, regardant en souriant les yeux trop brillants de cet herboriste amateur.

Elle rejoignit les copines, toutes plus belles les unes que les autres, dans leurs tenues savamment composées. Une rangée de bouteilles de  champagne vides s'étalait fièrement devant elles, pfiou, elle avait pris du retard, aussi elle siffla d'un trait et avec délectation la première coupe glacée de ce breuvage des dieux.

Le DJ lui fit 2 bises en lui tendant un micro "Tiens c'est à toi dans 2 minutes, fais tout péter". Fichtre même pas 3 minutes qu'elle était là et c'était déjà la folie. Juste le temps de cacher ses affaires, clefs, smartphone, l'écran géant du karaoké affichait son nom, et sa chanson préférée. A partir de ce moment elle s'envola vers les hauteurs de la joie pour n'atterrir que vers 5h du matin. Le vol avait été formidable, un class affair plein de bulles, décibels   et surtout d'incontrolables fou-rires.

Y'a pas à dire, la fête, c'est la Vie puissance 10, vivement la prochaine....  

Ce sera une soirée:  "Friday night's fever"