Une photo inspire un récit (jeu d'écriture)

La mer… le bleu de la mer … Elle est partout, puisqu’il s’agit d’une île. Accoudée à la fenêtre, je la contemple, je la regarde, elle me fascine. Bordée par la côte qui s’étale au loin sur la droite, elle me renvoie ma couleur préférée, celle du ciel aussi où resplendit l’astre solaire, juste au-dessus de moi, et qui pose des milliers de points brillants sur l’onde étale, comme des étoiles qui s’amusent à scintiller sur sa surface immobile.

Un appartement avec vue sur la mer, c'était leur demande à l'agence immobilière quand Océane et Ronan étaient venu s'installer à Saint-Malo. Les deux amis d'enfance avaient grandi en Bretagne, mais loin du rivage, et après leur mariage ils s'étaient juré de gagner assez d'argent pour se rapprocher de la belle bleue, cet ADN des gens du pays. Ils avaient à peu près tout fait, l'école des petits voiliers, les célèbres 420, ou plutôt quat'vingt comme on disait en général. Mais aussi de la plongée, de la planche à voile, etc... et je ne parle même pas de la gastronomie, les parcs à moules, les pèches à pieds, les petits restaurants, etc... Dans leurs veines coulaient le même sang que les corsaires d'antan, les Surcouf et autres Jean Bart, du sang bleu !

Devenus ingénieurs, il n'eurent logiquement qu'une obsession, faire un bateau, le bateau, celui qui gagnerait une grande course ! Et après 5 ans ils avaient réussi, ils avaient remporté quelques régates puis des étapes du championnat de France. Ils avaient atteint un but et voulaient s'en donner d'autres.

Et puis un soir, Océane préparait un délicieux Kouign Amann, en attendant Ronan qui trainait à son bureau d'études comme toujours. Sauf qu'à 22h il n'y avait toujours personne. Elle appela son boulot, répondeur, son portable, répondeur. "Il lui est arrivé quelque chose, c'est pas normal". Elle appela la Police, rien, l'hopital et la clinique, rien non plus. A tout hasard elle appela sa mère, répondeur. "Il n'y a jamais eu autant de téléphone et on arrive à avoir personne !!" rageait elle

Puis d'un coup, 2h du matin, elle reçut un texto:

"Adieu, je ne pouvais rien te dire pour que tu ne me retiennes pas, je t'aime. Appelle l'amirauté"

Ce fut son dernier message de Ronan qu'elle n'avait plus vu depuis 6 mois, engagé dans la marine nationale...

Depuis elle détestait sa rivale qui lui avait volé son amour.

"Un simple éclat, un verre qui se fissure et toute la réalité se met à exploser, en commençant par un léger cliquetis, comme une araignée marchant la nuit sur l'une de vos affiches...jusqu'à un son de tonnerre, caverneux, digne d'une avalanche. On aurait des cristaux de froid quand vous les regardiez s'éparpiller à travers les faiblesses du matériau et moi, j'adorais la neige et ses flocons. J'avais toujours été rassuré par le retour du froid : au moins, je pouvais me trouver des vêtements pour m'en protéger, contrairement à ces canicules répétitives qui avaient fini par tout bousiller, tout assécher, empêchant les humains les plus pauvres, c'est-à-dire 99% de la population, de dormir, les transformant en zombies à demi-conscients de leur sort. Quand vous ne pouvez ni dormir, ni vivre, toute émotion est exacerbée, dégradant la moindre parcelle de sentiment qui vous rappellerait votre état. 

Je ne savais plus depuis combien de semaines, de mois, d'années nous avions pu supporter tout cela . j'avais encore du mal à assimiler le concept de vampirisme autrement que par le folklore stokeresque et pourtant, nous étions bien affamés, assoiffés et abêtis, réduits à la plus simple expression du souvenir grotesque de ces êtres représentés dans les galeries d'art pour friqués.

Etaient-ils vraiment meilleurs que nous ?
Qu'avions-nous fait pour mériter leurs aumônes ruisselant d'un ciel que nous ne voyions qu'empoisonné ?
Qu'avaient donc vécu nos parents, ma compagne, nos enfants pour mériter cet esclavage polluant jusqu'à nos racines ?

Ces silhouettes décharnées ou trop nourries par des aliments détruisant nos corps, les habituant à une mort lente, je les avais cauchemardées avant de les vivre et de les voir...horriblement renaître hors de leurs sarcophages une fois inhumées.

Néanmoins, ils n'agressaient personne, ils restaient là, sans fruit, les troncs plantés dans une terre désormais stérile ou appelée à le devenir. Je ne parvenais pas à leur reconnaître une once de leur ancien 'moi' et personne ne s'en inquiétait : c'étaient juste des témoins d'ères glorieuses par la simple réminiscence comme quoi nous avions pu naître plein d'espoirs ! 

J'avais eu beau parcourir les branches de mon ancienne épouse (même si bien là !!!) de baisers, mon imagination faisant le reste, je caressais l'idée que tout n'était pas maudit mais ces branches supérieures...elles commençaient à obscurcir les cieux, même les 'friqués' voulaient s'en aller par des mesures aérospatiales, même si tout le monde s'accordait à dire que c'était bien trop tard. Les branches mortes noircissaient nos jours, une odeur de métal brûlé suintant en nos dernières bouffées.

C'est là que le cliquetis familier se rappela à mon souvenir : quelque chose se fissurait, se fracturait, malgré l'absence de verre ou équivalent visible...jusqu'à la brisure finale et son tonnerre. La réalité venait de se déchirer et les ténèbres s'engouffraient en moi, par-delà les vestiges d'une aube dorée, l'infection se généralisait enfin, et tous, à égalité devant la fin, nous pouvions expirer, unis dans un nouvel état peut-être source d'un nouveau commencement." Bonnes vacances !

@arouen  7 textes en 2 jours,

ton image a inspiré nos  @Les Plumes , Merci

On ne va pas changer déjà,

chers plumitifs, si on se faisait un 2eme service ?

I'm sure you can do it !  



TREE OF LIFE

Session 2

Je suis le seing du temps, courbé et criant;
livrant mes branches à chemins tortueux,
enraciné dans un monde que je ne peux quitter,
dans une empreinte d’existence que je ne veux pas vaine,
autrefois nourrie par la terre et les larmes de ciel
et aujourd’hui asséchée par un soleil artificiel.

C’est la fin de l’automne. Les feuilles sont tombées. Au pied d’un arbre entièrement dépouillé, 5 feuilles en sursis discutent,,,

Feuille 125 : c’est la fin… que va-t-on devenir ?

Feuille 26 : qu’est ce que ça peut te faire ? En voilà une question idiote ! On va crever un point c’est tout.

Feuille 26 : et si on chantait quelque chose ?