
[...]
Slalomant entre les bâtisses dans un cliquetis de chaînes, montant des escaliers, traversant des passerelles, redescendant une rue plus loin, elle entendait ses poursuivants se rapprocher à grand renforts de cris et de coups d'épaule. Un stand de babioles valdingua tandis qu'un cris de femme rebondit sur les murs. Elle s'écrasa au sol puis s'étouffa dans les gris-gris tombés à la poussière.
L'air était irrespirable. Il était dur de courir alors que chaque inspiration draguait particules et autres saletés ambiantes. La boule au ventre, elle se sentait lourde et elle avait l'impression que chaque muscle allait se déchirer à force de courir.
Profitant d'une foule particulièrement dense, elle s'écarta d'un chemin blindé et s'aplatit derrière un mur, les bras recroquevillés contre sa poitrine, avant de se rendre compte que son souffle bruyant la trahirait. Elle se couvrit la bouche, hors d'haleine, avant d'en avoir la nausée.
A côté d'elle, un vide immense donnait sur une mer de nuages brunâtres et chargés de poussière toxique. La citée tanguait sous les courants, et la gamine se sentit vaciller vers le vide. Des gerbes d'éclairs rougeâtres parcouraient les cyclones qui s'entre dévoraient et ne tardèrent pas à trouver le sommet des plus hautes bâtisses, parcourant le ciel entier pour venir s'y écraser depuis les nuages en contrebas. Ci-et-là, des gaz explosaient en une gerbe de flammes aériennes et voraces, teintant momentanément les volutes d'une lumière orange.
Elle tint bon, et les ratisseurs passèrent. La foule, à leur approche, s'écartait tant bien que mal, mais les rugissements et cris de protestations qui suivirent témoignèrent de la brutalité de leur passage.
Ces derniers furent étouffés par le tonnerre de l'explosion de gaz aériens. Elle resta bien tétanisée une minute entière avant de passer un œil craintif à l'angle du mur.
La foule pestait et remettait ses affaires en ordre, époussetait ses fripes, remettait ses stands en place. Personne ne semblait avoir compris que c'était elle qui était poursuivie.
Personne sauf un vieux débris bossu et à la peau croûteuse. Ce dernier pointa sur elle sa main décharnée et ouvrit sa gueule ronde pleines de dents pourries.
La gamine secouait la tête de gauche à droite afin de l'exhorter à se taire, mais un hurlement de bête s'échappa de cet antre gavé de saumure hautement toxique qui parvint à articuler :
« Cé... Cé t-eille, mon-ss-tre ! toi ! mon-ss-tre ! »
Il éclata d'un rire strident. D'un seul et même mouvement, les passants se tournèrent vers la gamine. Certains levèrent un sourcil, d'autres s'éloignèrent soudain comme s'ils avaient peur qu'elle l'attaque.
[...]
* * *
[...]
Devant-elle, un homme se tenait debout. Vêtu d'un pantalon simple et d'un ceinturon duquel pendait une bourse visiblement remplie de brocs, ses épaules recouvertes d'un poncho, il restait immobile, ses yeux vert de vase allant de la dizaine de poursuivants qui se regardaient en serrant sur leur visage des masques à gaz à la petite chose à ses pieds.
Lui restait tranquille, inexpressif, les narines dilatées, son visage creusé ne trahissant aucune émotions. Lorsque la gamine parvint à accrocher son regard, elle y lut une fureur vorace, une faim insatiable de prédateur enragé, un mal absolu qu'elle se devait de fuir.
Il tourna alors le regard vers les ratisseurs, les dévisagea un à un, sa denture carnassière vint serrer le bout de sa langue.
— C'est quoi, ça, hucha la plus jeune des ratisseurs.
— On s'en fout, tout ce qu'on veut, c'est elle... Allez, vas-t-en donc ! Cela ne te regarde pas !
L'homme laissa échapper ce qui sembla être un soupir. Il leva alors devant lui un bras noueux, qu'il amena d'un mouvement brusque sur son torse afin de resserrer les plus son poncho avec nonchalance. Les ratisseurs, qui avaient immédiatement tiré leurs armes, se détendirent. L'homme ouvrit alors la bouche.
— Faites-donc, finit-il par répondre d'une voix rauque, comme peu habituée à servir.
La gamine profita de la diversion qu'il lui avait offerte pour s'engouffrer par un escalier dérobé dans une allée souterraine. Celle-ci puait l'humidité et l'obscurité y était presque totale. Derrière elle, les ratisseurs se bousculaient pour la rejoindre. Elle lâcha un nouveau sanglot en entendant les cliquetis des chaînes qui lui liait les mains se répercuter en écho et trahir son itinéraire.
— On la tient, se réjouissait la ratisseur la plus proche.
Recroquevillés le long des murs, allongés dans l'eau croupie et les dépôts de poussière, des tas de corps gavés de saumure venus décuver. A mesure qu'elle s'enfonçait, une odeur de vomi et d'excrément venait lui piquer les yeux. Au dessus d'elle, le vent faisait travailler les bâtiments si bien que le sol grondait.
Une lumière au bout du tunnel lui indiqua qu'elle approchait de son but.
[...]
* * *
[...]
L'homme laissa de nouveau échapper un souffle de fumée blanche, et une odeur de brûlé qui n'avait rien à voir avec le ratisseur transformé en torche qui se roulait parmi les cadavres de ses comparses dans l'espoir illusoire d'éteindre les flammes.
Puis il tomba un genoux à terre.
Les deux autres ratisseurs projetés contre le mur se relevèrent, les genoux flageolants, puis, voyant que leur attaquant montrait ses signes de faiblesse, ils se jetèrent ensemble sur lui.
Comme hypnotisée par le combat, la gamine, sans qu'elle ne sût pourquoi, s'en était rapprochée.
L'espadon était planté dans le sol à l'orée du boyaux.
Un ratisseur s'effondra aux pieds de la gamine, le cou tordu, les yeux vides. Son masque était tombé, c'était le plus jeune.
Encore aux prises avec deux d'entre eux, le vagabond était dos au sol. Les ratisseurs reprenaient le dessus, tandis que leur assaillant avait épuisé toute son énergie. Chacun de ses souffles projetaient une fumée blanche et une odeur de brûlé qui n'avait rien à voir avec la torche humaine de l'instant d'avant. Son souffle était bruyant, et son visage plus creusé que jamais, comme si l'effort déployé pour cette bataille l'avait vidé de toutes ses forces, psi comme physique.
Un ratisseur réussit à prendre le vagabon par derrière tandis que l'autre brandissait son sabre, repoussé par des coups de pieds de leur proie.
La gamine voulut s'enfuir. A mi-chemin entre le boyaux et la lutte à mort qui se jouait à quelques mètres d'elle, elle hésita. Quelques-chose la retenait. Ses muscles se bloquaient sitôt qu'elle effectuait un pas vers la sortie.
Tout était clair.
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