- Qui est Alda Merini:
- Alda Merini est née à Milan en 1931 et morte en 2009 à Milan. Très connue et même pressentie pour le prix Nobel en 2001 par ses amis italiens, elle reste peu connue et peu traduite en France. Dommage, sa poésie s’adresse directement au lecteur sans fioritures et avec des mots simples mais en touchant toujours juste, délicatement ou brutalement. A fleuret moucheté ou à grands coups de poing, loin de tout hermétisme, elle aborde de front son unique sujet : la vie.
Marquée par des hospitalisations en hôpital psychiatrique pour troubles bipolaires, en clair des dépressions – d’autres parleront de schizophrénie – elle est mère de quatre enfants qu’elle ne pourra pas ou n’aura pas le droit de garder ni d’élever à causes de ses troubles mentaux. Pier Paolo Pasolini l’a défendue et fait connaître, Salvatore Quasimodo, prix Nobel de littérature en 1959 l’a défendue lui aussi. Elle a reçu de multiples prix littéraires en Italie et est reconnue aujourd’hui comme poète – ou poétesse comme on voudra – majeur du siècle dernier.
"J’aime la simplicité qui s’accompagne avec l’humilité. J’aime les gens qui savent sentir le vent sur leurs propres peaux, sentir les arômes des choses, en capturer l’âme. Ceux qui ont la chair en contact avec la chair du monde. Car là il y a la vérité, là il y a la douceur, là il y a la sensibilité, là il y a encore l’amour."
Alda Merini
Alda Merini
J'avais envie de vous parler de cette spectaculaire personnalité , considérée en Italie comme la plus grande poétesse et femme de lettres du XXème siècle.Des funérailles nationales lui ont d'ailleurs été réservées, le 4 novembre 2009 à la cathérale de MILAN
Alda Merini, c'est le destin déchirant d'une Milanaise que la folie contraignit à vivre enfermée dans un asile une dizaine d'années et qui, en 1984, en publiant La Terra santa (Scheiwiller), rencontra soudain un écho immense. J'y reviens plus tard ...
Le thème de l’amour parcourt tous les recueils de la poétesse – amour de Dieu, amour des autres (amants jeunes et moins jeunes, amis, famille) et amour de soi –même, un amour si exalté qu’on a pu (ou voulu) le relier aux troubles qui la tourmentaient
Voici donc quelques uns de ces merveilleux poèmes
Ma poésie est vive comme le feu,
elle glisse entre mes doigts comme un rosaire.
Je ne prie pas, car je suis un poète de la disgrâce
qui tait parfois le travail d’une naissance d’entre les heures,
je suis le poète qui crie et joue avec ses cris,
je suis le poète qui chante et ne trouve pas ses mots,
je suis la paille sèche où vient battre le son,
je suis la berceuse qui fait pleurer les enfants,
je suis la vanité qui se laisse chuter,
le manteau de métal d’une longue prière
d’un vieux deuil du passé et qui est sans lumière
elle glisse entre mes doigts comme un rosaire.
Je ne prie pas, car je suis un poète de la disgrâce
qui tait parfois le travail d’une naissance d’entre les heures,
je suis le poète qui crie et joue avec ses cris,
je suis le poète qui chante et ne trouve pas ses mots,
je suis la paille sèche où vient battre le son,
je suis la berceuse qui fait pleurer les enfants,
je suis la vanité qui se laisse chuter,
le manteau de métal d’une longue prière
d’un vieux deuil du passé et qui est sans lumière
FAÎTES L’AMOUR ET N’AYEZ PAS HONTE
Et ensuite, faites l’amour.
Pas de sexe, juste de l’amour.
Et avec ça je veux dire
Les baisers lents sur la bouche,
Sur le cou,
Sur le ventre,
Sur le dos,
Les morsures sur les lèvres,
Les mains tressées,
Et les yeux dans les yeux.
Je veux dire, des câlins tellement serrés.
Pour devenir une seule chose,
Des corps piégés et des âmes en collision,
Caresses sur les rayures,
Des vêtements arrachés à la peur,
Bisous sur les faiblesses,
Sur les signes d’une vie
Que jusqu’à ce moment-là
Elle a été un peu fané.
Je veux dire, les doigts sur les corps,
Créer des constellations,
Inhaler des parfums,
Les cœurs qui battent ensemble,
Les respirations qui voyagent
Au même rythme.
Et puis sourires,
Sincères après un peu
Qui ne l’étaient plus.
Voilà,
Faites l’amour et n’ayez pas honte,
Pas de sexe, juste de l’amour.
Et avec ça je veux dire
Les baisers lents sur la bouche,
Sur le cou,
Sur le ventre,
Sur le dos,
Les morsures sur les lèvres,
Les mains tressées,
Et les yeux dans les yeux.
Je veux dire, des câlins tellement serrés.
Pour devenir une seule chose,
Des corps piégés et des âmes en collision,
Caresses sur les rayures,
Des vêtements arrachés à la peur,
Bisous sur les faiblesses,
Sur les signes d’une vie
Que jusqu’à ce moment-là
Elle a été un peu fané.
Je veux dire, les doigts sur les corps,
Créer des constellations,
Inhaler des parfums,
Les cœurs qui battent ensemble,
Les respirations qui voyagent
Au même rythme.
Et puis sourires,
Sincères après un peu
Qui ne l’étaient plus.
Voilà,
Faites l’amour et n’ayez pas honte,
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La religion est un thème central de l’œuvre d'Alda dont "La Terre Sainte", "Peur de Dieu" ou "Tu es Pierre", sont le reflet de sa foi. Le poème "Amour", est le témoignage de son espérance et de son insatiable quête de DieuJe t’ai perdu dans les sillons de la rue,
Ô mon unique amour,
Dieu de la réserve et du doute
Dieu des forces mythiques
Dieu, Dieu, toujours Dieu,
plus fort que les étreintes
et les tendres amours.
Qui fait grandir les fontaines,
Apparaissant et disparaissant
comme un lieutenant du destin.
Te perdre c’est comme perdre espoir
et je t’ai perdu
non pas une fois mais un million de fois.
Te retrouver est comme surgir du péché éternel
afin de voir les insuffisances de la vie
mais aussi tes étoiles en mouvement :
TU ES UN DIEU D’AMOUR
Ô mon unique amour,
Dieu de la réserve et du doute
Dieu des forces mythiques
Dieu, Dieu, toujours Dieu,
plus fort que les étreintes
et les tendres amours.
Qui fait grandir les fontaines,
Apparaissant et disparaissant
comme un lieutenant du destin.
Te perdre c’est comme perdre espoir
et je t’ai perdu
non pas une fois mais un million de fois.
Te retrouver est comme surgir du péché éternel
afin de voir les insuffisances de la vie
mais aussi tes étoiles en mouvement :
TU ES UN DIEU D’AMOUR
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"L'incohérence d'un lieu censé sauver des hommes et des femmes atteints par la folie, l'absurdité de la déshumanisation qui peut y régner, la crainte de l'être humain par rapport à tout type de différence, le besoin spontané de l'homme d'aimer et d'être aimé, la nécessité d'habiter dignement son propre corps, enfin, le désir de pouvoir y ressentir un nouveau sentiment du sacré. Alda Marini fait recours une fois de plus à la poésie pour dire avec justesse ce qu'elle n'aurait jamais pu dire autrement."
Tout cela m'amène naturellement vers son merveilleux poème LA TERRA SANTA que j'ai évoqué plus haut.
J'ai connu Jéricho,
Moi aussi j'avais ma Palestine,
les murs de l'asile
c'étaient les murs de Jéricho
et une mare d'eau infectée
il nous a tous baptisés.
Nous étions juifs là-dedans
et les pharisiens étaient en haut
et il y avait aussi le Messie
confus dans la foule:
un fou criant au ciel
tout son amour en Dieu.
Nous tous, troupeau d'ascètes
nous étions comme des oiseaux
et de temps en temps un réseau
sombre nous a emprisonnés
mais nous sommes allés vers la moisson,
la moisson de notre Seigneur
et le Christ Sauveur.
Nous avons été lavés et enterrés,
nous sentions l'encens.
Et plus tard, quand on s'aimait
il y a eu des décharges électriques
parce que, disaient-ils, un fou
ne peut aimer personne.
Mais un jour de l'intérieur de la fosse
moi aussi je me suis réveillé
et moi aussi j'aime Jésus
J'ai eu ma résurrection,
mais je ne suis pas monté au ciel
je suis descendu en enfer
d'où je regarde émerveillé
les murs de l'ancienne Jéricho.
Moi aussi j'avais ma Palestine,
les murs de l'asile
c'étaient les murs de Jéricho
et une mare d'eau infectée
il nous a tous baptisés.
Nous étions juifs là-dedans
et les pharisiens étaient en haut
et il y avait aussi le Messie
confus dans la foule:
un fou criant au ciel
tout son amour en Dieu.
Nous tous, troupeau d'ascètes
nous étions comme des oiseaux
et de temps en temps un réseau
sombre nous a emprisonnés
mais nous sommes allés vers la moisson,
la moisson de notre Seigneur
et le Christ Sauveur.
Nous avons été lavés et enterrés,
nous sentions l'encens.
Et plus tard, quand on s'aimait
il y a eu des décharges électriques
parce que, disaient-ils, un fou
ne peut aimer personne.
Mais un jour de l'intérieur de la fosse
moi aussi je me suis réveillé
et moi aussi j'aime Jésus
J'ai eu ma résurrection,
mais je ne suis pas monté au ciel
je suis descendu en enfer
d'où je regarde émerveillé
les murs de l'ancienne Jéricho.
Et pour terminer je vous mets ici la vidéo où Alda lors du spectacle "Milva canta Merini", enregistré en mars 2004 au Théâtre Strehler de Milan, récite ce poème "La Terre Sainte", dont j'ai mis la traduction. C'est bien l'un de ses poèmes les plus significatifs avec un accompagnement musical de Giovanni Muti.
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