Le café des écrivains (Bla-Bla)

Niel posa sa main au sol et perçu une vibration. Il leva la tête et regarda autour de lui. Derrière la plus proche colline, s’élevait un nuage de poussière…


— Qu’est-ce que c’est ?

Il se jeta sur la rive, s’enfonçant dans la couche épaisse et se dirigea du pas le plus rapide qu’il pouvait, vers la colline. La cendre formait une masse compacte qui retenait ses jambes et la douleur commença à le saisir. Ses muscles se tétanisaient et Niel sentit une brulure se propager dans les muscles de ses cuisses. Il trébucha, se releva aussitôt… Son foulard s’était défait et il sentit la cendre s’infiltrer dans ses narines et sa bouche. Il cracha, toussa en se relevant. Il reprit sa route, enveloppé d’une nuée grise et sèche. A chaque pas, il sentait le sol qui vibrait ; devant lui, alors qu’il s’approchait du haut de la colline, le nuage de cendre prenait de l’ampleur alors que le bruit sourd qui l’avait sorti de sa torpeur amplifiait. Son souffle s’accéléra et il sentit son cœur battre avec violence.

Le sommet de la colline lui offrait un paysage de plaine qui se perdait à l’horizon. Un monde totalement plat sur lequel quelques vallonnements esquissaient de douces vagues cendrées. A sa droite, le nuage de cendre s’élevait du sol et se dispersait dans l’atmosphère, emporté par une brise chaude venue du nord. Des ombres se déplaçaient au cœur de cette masse ; des silhouettes d’où provenait ce grondement sourd et régulier.


— Ce n’est pas un tremblement de terre !

Il sentit l’excitation le gagner. Il essuya ses yeux d’un revers de manche et tenta de percer le mystère de cette mystérieuse nuée. Les ombres allaient et venaient. Un moment, Niel les voyaient poindre hors de la poussière et la seconde d’après elles replongeaient dans le brouillard de cendre.


— Mais qu’est-ce que c’est ! répéta-t-il, hurlant.

Soudain, l’étrange masse entama un virage et avança vers Niel à une vitesse impressionnante. Surgissant de la poussière, les ombres se montrèrent enfin, innombrables, frappant le sol en une course effrénée. Chacune d’entre elles avait la hauteur d’un homme, mais d’une masse bien plus imposante. Il se dégageait d’elles une sensation de puissance que Niel n’avait jamais connue jusqu’alors, sauf peut-être lors des émeutes le jour du décollage. Il n’en avait jamais vu sauf dans de vieux livres que Keli avait déniché lors de ses vadrouilles dans les rues de la cité-dôme, mais il reconnut immédiatement les créatures qui surgissaient devant lui, au pied de la colline, soulevant un nuage noir et frappant le sol avec une telle vigueur que la terre tremblait.


— Des chevaux ! Des milliers de chevaux ! s’exclama-t-il.

Fasciné par le spectacle, Niel restait figé au sommet de sa colline. Le souffle coupé, les jambes tremblantes, il sentit des larmes poindre au coin des yeux et dessiner de longues trainées à travers la poudre noire qui lui couvrait le visage.


— Je… balbutia-t-il. C’est impossible ! Ils ont disparu depuis longtemps. Comment… 

Bouché bée, il ne put terminer sa phrase. Fasciné par ces animaux galopant à perdre haleine, brisant le sol sec à chaque coup de sabot d’où s’élevait la cendre qui les enveloppait comme un cocon sombre d’où ils surgissaient avant de disparaitre encore. C’est alors qu’il la vit…

A une centaine de mètres devant la masse noire des chevaux, il aperçut la silhouette d’une femme, debout et immobile. Elle faisait face aux animaux qui changèrent à nouveau de direction, plongeant désormais droit sur elle.

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