La passion des poèmes

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Vous l'aurez compris, le mot d'ordre ici, c'est ECHANGER ! Venez donc partager ces langages poétiques et nous émouvoir .

(Roger des Roches)

beau sur le fond et dans la forme, c'est ça la France !

La tombe dit à la rose :

– Des pleurs dont l’aube t’arrose

Que fais-tu, fleur des amours ?

La rose dit à la tombe :

– Que fais-tu de ce qui tombe

Dans ton gouffre ouvert toujours ?

La rose dit : – Tombeau sombre,

De ces pleurs je fais dans l’ombre

Un parfum d’ambre et de miel.

La tombe dit : – Fleur plaintive,

De chaque âme qui m’arrive

Je fais un ange du ciel !

Je suis passée
Amélie Prévost

Revoici le temps de Samain ;
Tout s’apaise.
La sève est descendue, les racines s’étirent
En s’enlaçant bien au chaud sous la terre
Où se joue le mystère du sommeil automnal.
Sous les feuilles tombées, l’herbe s’endort aussi
En attendant la neige, la chanson des frimas,
Quand le givre gémit aux portes des maisons.
Nous voilà hors du temps,
au divin, à l’espoir,
Car ton cœur léger
Sait qu’il n’est point de mort,
Et que ce qui s’endort,
Se réveille au printemps
Et la feuille tombée germe sa renaissance,
Aux chétifs bourgeons blottis sur les rameaux
Comme l’homme parti aux îles de l’Ouest,
Prépare son retour, dans une renaissance.
Vois bondir les sources à la fonte des neiges,
bien avant que la neige ne recouvre le sol,
le bulbe des jacinthes regorge de  puissance
et ses feuilles bien vertes endormies sont formées.
Vois le nid se construire parmi les feuilles vertes,
alors que toute branche se découvre, épuisée,
Les canards et les oies maintenant ont migré,
Mais préparent déjà, leur retour fébrile,
Est-il plus beau spectacle que ce bel écureuil,
Ramenant ses deux mains sur un fruit retrouvé,
Au creux d’une cachette qu’il pourrait oublier ?
Tout s’apaise et s’endort, mais la mort tu le vois,
Dessine à l’infini, des changements d’état ;
Rien ne finit jamais, et toujours, tout renaît
Et tout ce qui repose, n’est que métamorphose,
Et recommencement.
Nous voilà hors du temps, en ce temps de Samain,
Hier est aujourd’hui, aujourd’hui est demain,
Le cercle de la vie est toujours en chemin,
Nous le formons ensemble
en nous donnant la main,
et ce cercle de vie est le temps de Samain.
Paix, sur la Terre,
Paix au ciel,
Paix à l’ouest, paix à l’est,
Pais au nord, et paix au sud.
Force, nouvelle et éternelle en toi
comme en la terre,
comme dans les astres de la nuit et du jour,
Fluide de la sève et fluide du sang,
Fluide de l’eau et fluide du vent,
Lumière sur toute chose
et lumière en chacun de nous,
Souffle divin sur toute chose,
et souffle de vie en nous,
ensemble en ce cercle de vie
du temps  hors du temps,
de Samain.
 
Marie Rocca

Les rêves

ANNA DE NOAILLES

JE NE TROUVE PAS TOUJOURS..
Louis Dupré


Je ne trouve pas toujours
les phrases
pour décrire la lumière
accrochée au rideau de ma chambre
ou les notes d’une chanson
dans mon oreille

Alors je lis des poèmes
avec des images
offertes comme les eaux
qui courent jusqu’à la mer
car les poèmes ont une peau
plus vibrante que ma peau
et un cœur
qui bat au rythme du paysage
les poèmes prennent le temps
de m’écouter
si ma voix se mouille
ou éclate d’un long rire

Les poèmes sont ma fenêtre
et mon autre visage

Le matin se lève toujours trop tôt
car le cœur ne vibre
que la nuit, dans le noir
recouvrant les rêves
un doux velours tendu
à la fenêtre, le verbe aimer
conjugué au futur
le contour d’une silhouette
encore inconnue
mais qui viendra un jour
dans ma vie
je la reconnaîtrai à ses lèvres
suspendues à la mer
ou à sa passion
pour les langues laissant chanter
leurs voyelles
Il faudra me fier à ces antennes
qu’on sent parfois sous la peau
ces frêles antennes
de papillon

N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas !

N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes,
Ne demande qu’à Dieu... qu’à toi, si je t’aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas !

N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas !

N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.
N’écris pas !