La pire année de l'Histoire

Une année sans soleil

Un brouillard mystérieux s'est abattu sur l'ensemble de l'Europe, au Moyen-Orient, dans certaines zones en Asie, et même jusqu'en Amérique. Selon Michel le syrien, un scribe byzantin, cela a duré 18 mois, jour et nuit avec parfois quelques heures de soleil bien fade par-ci par-là. L'historien byzantin de l'époque Procopius Caesarensis (Procope de Césarés) a écrit « Le soleil a donné sa lumière sans éclat, comme la lune, pendant toute l’année ».


Une vague de froid

Les conséquences de cette absence de soleil s’abattent alors en dominos. À commencer par la baisse des températures de manière drastique, on aurait eu alors entre 1,5 et 2,5 °C en plein été, il aurait même neigé en Chine et en Inde actuelle selon les chroniqueurs de l'époque. Cela amorce alors la décennie la plus froide depuis les 2300 dernières années. On estime également que ce refroidissement était lié aux inondations dévastatrices dans le nord de l'Afrique et dans certaines régions aux côtes de l'Amérique (absence de rayons empêchant l'évaporation de l'eau). 


La cause ?

D'où vient ce nuage noir ? Et pourquoi est-il resté si longtemps ? Selon des recherches menées par Michael McCormick et Paul Mayewsk en 2018 sur un glacier suisse, il s'agirait d'une éruption volcanique. Selon certains géologues, l’irruption viendrait d'Islande (130 volcans actifs et endormis) et aurait alors recouvert tout l'hémisphère nord de cendres et d'épais nuages de fumée. D'autres optent plus pour le volcan Krakatoa en Indonésie ou encore le San Salvador tout deux se trouvant sur la ceinture de feu. L'autre possibilité est que ces deux derniers se sont réveillés dans la même année.

On sait avec une quasi-certitude que cette année-là a eue lieu la plus grande éruption volcanique des 1500 dernières années. On parle ici d'une irruption qui aurait eu plusieurs dizaines de fois la puissance de celle répertoriée de notre vivant. Selon les récentes études, la fontaine de magma de cendre et de poussière se serait élevé jusqu'à 50 kilomètres de haut.
Selon l’archéologue David Keys, cette irruption aurait soulevé en poussière et en cendre l'équivalent de 2 000 millions de bombes nucléaires comme celle utilisé sur Hiroshima.
On parle alors d'un véritable cataclysme.



Témoignages

Dans ce brouillard, les contemporains de l'époque observaient avec une fascination morbide cette catastrophe contre laquelle nul n'était préparé. On peut imaginer l'impact psychologique qu'on ressentit les populations, le désespoir d'être jour et nuit, saison après saison sans lumière. Certains pensaient même que le soleil ne reviendrait jamais.
La poussière et la cendre présente était beaucoup plus fine que la plus fine des poussières, assez légère pour rester dans les aires.

En Chine, on a trouvé des textes parlant de pluie de cendres. Des cendres qui pouvaient être de nouveau soulever aux moindres mouvements. Un autre témoignage de Cassidore, un homme politique romain dit que « Nous nous étonnons de ne pas voir l’ombre de nos corps à midi », que le soleil présente « une couleur bleutée » et parle également de saisons « semblant s’être emmêlées ». Des témoignages, finalement, prient au sérieux après la découverte de cette catastrophe mondiale à travers une calotte glaciaire en Suisse. 


Une famine générale

Ne bénéficiant plus du soleil pour se développer, les récoltes ont littéralement gelés. Cela s'accentue encore plus avec un refroidissement général touchant toute la surface de la planète. Les grands pâturages se transforment en désert froids, les animaux n'ont plus rien à manger autant le bétail que les chevaux très cruciaux dans l'agriculture et la survie, ce qui causera l'hécatombe et un important flux migratoire des population fuyant la famine. Certains bassins importants de poissons alors exploités par la pêche sont décimés à cause du changement de températures.

Il n'y avait plus rien à manger, plus rien à planter, plus rien à élever, le monde plonge dans une famine mondiale.



Des guerres et des révolutions

En 536, cette famine déclenche à travers le monde d'importantes instabilités sociales et politiques. Au Mexique, grâce à des ossements retrouvés, on constate que beaucoup étaient atteints de carences alimentaires majeurs, et que beaucoup de ces civilisations auraient d'ailleurs disparu à cette époque. Il faudra attendre plusieurs siècles avant d'être repeuplé. La meilleure hypothèse pour expliquer cette disparition serait qu'à la suite de cette famine, il y ait eu des révolutions populaires contre les élites, entraînant des guerres civiles et un désordre social irrattrapable.


Constantinople

En 536, un nouvel empire romain s'est construit avec comme nouvelle capitale Constantinople. Le premier empire romain s'étant effondré près d'un siècle auparavant sous l'attaque des clans barbares du nord. Ce nouvel empire a donc naturellement glissé dans le Proche-Orient sous le règne de l’empereur Justinien et tente tant bien que mal de retrouver sa puissance. La capitale géographiquement bien placée pour être LE carrefour entre l'Europe, l'Asie et le Moyen-Orient, jouit alors fortement de son commerce, mais seulement jusqu'en 536.

En effet, la famine frappe de plein fouet et l'empereur Justinien peine à maintenir son pouvoir et fait face à des insurrections, des complots et des coups d’État. Ajoutons à cela les nombreuses attaques très violentes des clans guerriers du Nord, de l'Est et de l'Ouest, comme les Goths et les Vandales cherchant des vivres. L'empereur Justinien devait continuellement offrir des tribus en or pour interrompre les incessants pillages, ce qui ajoutera encore plus d'insurrections, de complots, entraînant un affaiblissement continu de l'empire. 



La peste de Justinien

En 536 a également eu lieu une première ébauche de peste bubonique, venant du milieu de l'Afrique jusqu'au Maghreb, en passant par l'Europe et jusqu'en Chine. Appelée la peste de Justinien, la peste bubonique commence à se propager en 536 en Afrique par l'intermède de puce contaminés dans les régions aux centres de l'Afrique et aurait migré grâce au commerce de l'ivoire. En effet, si son amorce se fait en 536, elle connaîtra son apogée en 542 à Constantinople qui verra la moitié de sa population décimée (10 000 mort par jour selon Pocope de Césarée). Certains historiens avancent même que le refroidissement dû au nuage de cendre de 536 a grandement aidé à la prolifération de la bactérie de la peste.

Cette peste se caractérise par des pustules sous les bras et entre les cuisses, puis sur tout le corps, accompagné de grosse fièvres entraînant des délires et des douleurs jusqu'à la mort. La mort surviendrait trois jours après l’apparition des premiers symptômes, les morts sont si nombreux qu'ils ne sont plus comptés et les corps étaient alors empilés les uns sur les autres dans les rues.
Aujourd’hui, on sait que la peste à tués environ 50 millions de Romains.


Après 536 ?


Cataclysme, refroidissement, famine, guerre et peste, elle mérite pleinement son titre de pire année de l'Histoire. Cette paralysie du monde va malheureusement s’étendre et s'aggraver, puisque la peste bubonique a alors continué de se propager, accompagner de deux autres éruptions volcaniques en 540 et en 547. Micheal McCormick a expliqué dans son étude que « Le petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive qui a commencé au printemps 536 a duré jusqu’à environ 660 en Europe occidentale, et 680 en Asie centrale ».

Cette année de 536 est un tournant majeur pour les civilisations puisqu'elle permet de comprendre les premières manifestations de l'économie médiévale selon Kyle Harper (historien de l'ère romaine). En effet, face à tant de difficulté, les populations se sont adaptées et on a pu observer des nouveautés en agriculture par exemple, mais aussi une revalorisation du minerai comme l'argent.

Grâce aux informations trouvées sur la calotte glaciaire, ils ont constaté un taux d’extraction de minerai plus important en 640 que les scientifiques ont interprétés comme une reprise de l’économie, puis un autre pic cette fois en 660, probablement, car l'or devenait plus rare. Christopher Loveluck, archéologue, a expliqué « Devant la pénurie, l’argent est devenu l’étalon monétaire. C’est le tout premier signe « physique » d’une montée de la classe marchande du Moyen-Âge. » 

C est passionnant merci vraiment j ai appris pleins de choses [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] continue sur cette lancée

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Ben dis donc tu as fais fort là félicitations Mme la Professeure d'Histoire

An 536 puis ensuite An 2022, la réélection de micron qui plonge la France dans une nuit sans fin

Merci [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

J'ai espoir que ce nuage Macron s'en aille