Des mots imposés ... un texte créé (jeu d'écriture)

"J. resta une seconde devant la porte à se demander ce qu’il était en train de faire. La journée avait été témoin de multiples rebondissements mais on peut dire qu’il n’avait jamais eu à ressentir ce qui le bloquait avec son trousseau à la main. Il se demandait déjà comment il allait pouvoir revenir dans ces lieux désormais tâchés d’une infamie rédhibitoire : sa collègue avait bien tenté de lui proposer un thé, seulement, s’il avait ‘grave les boules’ , comme auraient dit ses élèves, il avait été incapable de raconter un mensonge indigne de lui et s’était autorisé à un ‘pouah sûrement pas’ qui avait désarçonné jusqu’au plus flegmatique de ses collègues de langues. L’âge, probablement ! Pour se faire pardonner et ne pas paraître trop acariâtre, l’apparence, c’est tout ce qui lui restait, il avait toutefois accepté de discuter avec le neveu que son référent avait cru bon d’emmener en cette dernière journée d’école.

La dixième partie d’hippo-gloutons avec le (pré ?) adolescent avait cependant eu raison de son infinie patience et le gosse, mauvais coucheur comme sa tante, se mit à balancer les billes autour de lui. Il en visa le bellissime postérieur du prof d’EPS (selon la moulure de son short) , capable d’après lui, de briser une noix à la manière d’un Jean-Claude Van Damme. Désormais dans un état second, les manières de J. se brisèrent quand la dite tante se mit à hurler après lui, le rendant responsable de l’énervement du gosse et, par là même, du chaos de la salle.

J. beugla de telle sorte qu’un éléphant l’aurait adoubé dans son troupeau, et la meute, d’abord interloquée, se mit à courir vers la sortie alors que J. leur lançait lui-aussi tout ce qui se trouvait à sa portée. Chopant le prof d’EPS chamboulé, il lui martela l’arrière-train comme s’il voulait punir l’enfant par procuration d’une fessée légendaire. Steve sentit l’humiliation le gagner et s’en fut comme l’excellent coureur de demi-fond qu’il deviendrait après avoir démissionné quelques mois plus tard.

Tout le monde disparut en laissant J. seul face à ses cauchemars. Effectivement, J. se souvint de tout en une fraction de seconde ; il pensa à la prochaine rentrée et un sourire hideux illumina son visage : il avait hâte d’être à la journée cohésion et d’ici là, il musclerait son poignet, avec la dévotion d’un prêtre devant le vin de messe…"

Il avait du en dire des mensonges pour accéder à cette soirée V.I.P. au cinéma REX de Paris. De toute façon si vous n'êtes pas un milliardaire ou un people vous n'avez aucune chance d'y accéder. Des mois qu'il y travaillait, comptes Facebook, Instagram, etc... il s'était inventé une identité sur la toile, puisque les gens sont gloutons de cette vie virtuelle qu'ils confondent de plus avec la véritable. Il était donc un peintre talentueux, son site internet complètement bidon  affichait les prétendues vernissages et expositions qu'il avait animées, tout était le fruit d'IA, hé hé. Il avait fait ce choix car il savait combien les stars s'emballaient devant n'importe quelle croûte pourvu que son prix dépasse les 100 000 $

Depuis plus de 2 ans il tissait patiemment sa toile de contacts, pour arriver à être devenu l'artiste à la mode, celui qu'il faut rencontrer pour ne pas paraître ringard dans ce monde de poudre aux yeux. Et tout ça sans jamais sortir de sa chambre , quel talent non ?

Il était dans la force de l'age ce beau trentenaire blond aux yeux verts, mais il voulu être sur que son plan fonctionne. Pour mettre toutes les chances de son coté, il avait consulté Christina Cordula, qui l'avait parfaitement relooké et transformé en un peintre crédible.

Il était donc dans le cocktail de l'avant-première du dernier film de la bellissime. Celle pour qui il avait fait tout ça. Il l'avait vu, elle était à moins de 10 mètres, mais surtout, surtout il fallait l'ignorer.
Entouré de ses contacts virtuels qui bavaient leur admiration, notamment un bataillon de beautés, des ex miss qu'il avait recruté spécialement pour simuler la cour de l'artiste, il attendait que la curiosité féminine fasse son oeuvre. Il buvait un thé glacé en se rapprochant avec une lenteur de paresseux de sa proie. Les filles riaient, le touchaient et certaines l'embrassaient, quelles brillantes comédiennes.

Forcément ce cinéma finit par produire l'effet escompté, on tapota sur son épaule. Un des organisateurs de la soirée était en train de devenir son meilleur ami.

"Maître Alexandre Delatour, permettez moi de vous présenter la vedette de la soirée"

Il se retourna en souriant "Comment ça ? ça n'est pas moi ?"

Toute ses courtisanes éclatèrent de rire, stimulant encore davantage la presque jalousie de la comédienne.

"En plus d'être un Dieu du pinceau, il est drôle, ha ha . Mr Delatour je vous présente Mademoiselle Robbie"

Il la fixa sans sourciller et sans un mot puis baisa sa main. Après de longues secondes de silence:

"Et voilà, je peux brûler toutes mes toiles, ... je vous attendais pour faire enfin mon chef d'oeuvre"

Margot afficha son plus beau sourire. Le cœur de notre olibrius frôlait le record du monde de vitesse.

"Drôle et galant, on ne m'avait pas menti sur les français, ni sur vous"

Ho ho elle le connaissait donc, il pensa à Alice Sapritch pour faire diminuer l'intensité de cette rencontre tant attendue.

"Margot, vous permettez que je vous appelle Margot ?"

"Bien sur maître, l'honneur est pour moi, j'espérais vraiment qu'à Paris j'aurais la chance de vous rencontrer enfin"

Il allait défaillir, c'était bien "elle" qui avait dit ces mots gentils, il avait presque honte de sa supercherie. Mais bon u peu de honte est vite passée.

"Merci, alors arrêtez avec Maître, appelez moi Alex, c'est moi qui suis fan de votre talent. A chacun de vos films vous ne cessez de m'épatez." Et c'est là qu'il déballa sa leçon culturelle "J'étais amoureux de Harley Quinn, mais quand j'ai vu Sharon Tate de mon ami Quentin, j'ai été encore plus bluffé. Avez vous un calmant pour mon petit cœur, je ne sais pas si je survivrais à cette projection"

Margot éclata de rire cette fois, c'est vrai qu'il avait bien préparé son attaque. Mais en même temps il était totalement sincère, d'où la réussite de sa tirade. Il savait depuis Cyrano qu'une femme serait toujours sensible à l'esprit, et c'était naturel chez lui.

"Je viendrais personnellement vous ranimer si un tel drame devait arriver, car je me sentirais trop responsable"

Voilà l'alchimie avait fonctionné, il ne lui restait plus qu'à ne pas tout gâcher.

"Ne me tentez pas, je vais devoir simuler un malaise avec une telle secouriste"

Ils étaient totalement hilares

"Attention !  Ma technique est celle de Barbie, 1 claque et 1 fessée"

"Parfait c'est tout ce que j'adore, j'espère qu'on pourra renouer un moment après votre film. Je mérite ma punition"

"Vous plaisantez, le plaisir sera pour moi"

....

Quel talent non ?