Des mots imposés ... un texte créé (jeu d'écriture)

« E. avait fait comme tout le monde, au départ : prendre une carte météo dynamique, jeter un œil aux prévisions disponibles (même si en fait de prévision, les probabilités restaient désespérément les mêmes), chercher un moyen de partir de cet enfer…C’était bien beau de parler de la montée des eaux, de la quantité de nano-toxines dans l’atmosphère (« petites par la taille, grandes par l’effet » auraient dit les équipes de Séguéla), ou de l’augmentation des factures d’électricité liée à l’utilisation suicidaire de climatiseurs toujours plus gourmands mais ce qui le terrifiait (et était le plus souvent passé sous silence) était la prolifération des nuisibles…Il avait été là lorsque les cigales charmantes du Sud de la France s’étaient muées – au sens propre – en criquets géants par une bénédiction  des adaptations de la nature aux attaques humaines. Non seulement, les cultures avaient été ratiboisées (oui, les rats aussi étaient plus gros, du coup…) mais une vague de maladies opportunistes accompagnait maintenant chacune de leurs vengeances inconscientes, provoquant morts et désolation. Les médias avaient d’abord trouvé étrange la présence de spécialistes de l’élimination animale dans le cortège présidentiel et puis, par politesse, les « mouches » ont préféré changer d’âne et Dieu lui était témoin que la « gestion des trépassés » avait dépassé l’insécurité et le chômage dans les considérations des Français.
Après sa réélection, E. restait ainsi, parfaitement inquiet, et comptait installer un territoire autonome bunker pour Français aisés (ou Français de cœur – il n’était pas raciste tant que vous aviez de la « moulaga » comme disaient David et Bob, ses amis dj….) Il avait jeté son dévolu sur des îles proches du Groenland et estimait que le Danemark ne dirait plus rien. Il n’en pouvait tout bêtement plus de ces punaises-guitares qui avaient détruit les jambes de sa belle. S’il fallait passer par une guerre pour qu’il survive lui, le choix était vite fait, « qui aurait pu prévoir une telle ignominie ? », sûrement les Français mais, ils étaient tellement en train de fondre sous les canicules consécutives que bientôt, il n’y aurait plus personne…Tiens, et s’il invitait BB avant qu’elle ne crève ? Il aimait tant ce prénom….On ne pourrait pas dire qu’il n’était pas sensible au destin des seniors et aucune Brigitte ne dirait le contraire. 

Chante petite cigale, c’est l’été, et ton chant merveilleux évoque le soleil et les vacances. Ici, sous les platanes, installés à la terrasse du café de la Tour, nous vous écoutons, toi et tes semblables, tout en dégustant une glace ou un café. C’est un moment de calme, de bonheur, de détente. Là-bas, près des étagères de bouteilles, un homme s’est installé avec sa guitare et chante une chanson corse.

Je crois que ce que j'apprécie le plus en ce monde est le moment où le soleil finit par s'éteindre, non pour me dire cyniquement que tout se finit, plutôt pour me rappeler que tout va recommencer.
J'ai toujours détesté les canicules, la moiteur subie, les parties de son propre corps qui collent dès qu'on sort des diktats humains vous permettant d'échapper à l'odeur nauséabonde d'une sueur féconde, vous autorisant à goûter les chaleurs primeurs sans avoir à allumer un ventilateur beuglant comme une hyène blessée lorsqu'une de ses pales atteint l'expiration agonisante.

Est-ce que je déteste l'été ?

Pas vraiment : je me revois tel Esteban des Cités d'Or dans son premier épisode haïr le soleil et prier pour la pluie en souriant de toutes mes dents à la première bruine et, trahi par ce moment de joie, le soleil sortait pour accompagner ma bonne humeur. Derrière mes lunettes photochromiques, je ne trompais personne : j'étais amateur d'entre-deux, de changement, de mouvance, de vagues et de déchaînements. Jamais je ne me sentais plus vivant que sur un bateau avançant sur les flots même d'un loch des plus calmes. J'étais toujours brûlant intérieurement, littéralement, comme si ma peau et mon cœur ne vivaient que pour retrouver l'essence de ma compagne, à jamais éloignée et pourtant si puissante dans tous mes rêves.

L'été ? Pouah. Parlez-moi des bouleversements, des marées, des demi-saisons...Il n'y a rien de plus constructeur, de plus enthousiasmant que de ne pas appartenir à un seul monde...si ce n'est que de renaître infiniment, pour un seul cœur...