Des mots imposés ... un texte créé (jeu d'écriture)

"Aller au fond des choses" qu'ils disaient...

J. commençait franchement à trouver le temps long là où il était rendu et l'énervement remplaçait peu à peu toutes ses bonnes résolutions. Il avait pourtant tout calculé pour ce qui devait être son premier périple à destination de ses followers :

les chaussures Timberland dernier cri avec les lacets bicolores, le sac à dos Eden Park pour lequel il avait trouvé le moyen de déchirer l'une des lanières en chutant tout à l'heure, le space cake champignons-choco qui va bien... Il était pa-ré ! Alors ok, la perche de son smartphone était de qualité sheinesque, son bermuda était désormais noyé dans la vase et il ne captait rien de rien mais au moins il était vivant. Pour combien de temps encore, dur à dire, mais une petite musique lui murmurait qu'il serait bientôt retrouvé. Il aurait probablement un peu honte bien qu'il ne soit pas, pour ainsi dire, réellement connu. C'était censé être un en-traî-ne-ment, sacrebleu !

On pouvait en convenir, il était nul et n'avait jamais envisagé pouvoir crever de manière aussi ...peu médiatique. Un son étrange lui martelait les oreilles : quelqu'un rigolait franchement maintenant de son état pitoyable ou de son manque de succès quand il avait essayé d'accrocher une souche avec son tshirt et sa veste, bien qu'il...ne vit personne. Il était désormais torse nu, recouvert jusqu'au nombril d'une boue noirâtre rosacée qui commençait furieusement à le chatouiller aux entournures. Il s'était vu comme un artiste d'avant-garde et il allait à peine devenir un sujet d'art contemporain aux limites du surréalisme. Des hurlements de rire saturaient maintenant son cerveau et il se décida à plonger son bras droit dans le trou qui l'accueillait, juste pour pouvoir soulager ses démangeaisons au genou...sans pouvoir le trouver ! Il ne pouvait même plus retirer son membre de la bouillie dévorante.

C'est là que, ... la bouche béante parcourue de ricanements de damné, une folle idée le poussa à immerger sa tête pour savoir ce qui se passait et un calme sublime se fit au sein de la mère des forêts. Il ne serait jamais retrouvé et, il faut bien l'avouer, c'était bien le meilleur de ce qu'il pouvait faire de mieux, un incompris et surtout, pour toujours mystérieusement disparu..."

allez à mon tour musique - champignon -  souche - chose & artiste

On l’appelait "flower-power", Rebecca aimait ce surnom donné affectueusement par Neil, son choupinou, un soir où leurs visions et propos avaient été particulièrement fleuris, le soir où elle avait envoyé chier ses parents. Ces vieux réacs qui ne lui parlaient que de la guerre, du patriotisme et du boulot, auxquelles elle répliquait inlassablement: artiste, musique et herbe qui fait rire, où à défaut champignon "évasions", comme les avait baptisés.

En ce début de 1969, à San Francisco, une jeunesse n'avait plus envie de mourir en Europe, en Corée ou pire au Vietnam. Une génération qui ne voulait qu'une chose, vivre et faire l'amour. Quelqu'un pour le leur reprocher ? Marre de ces guerres de vieux qui envoient des gamins s’entre-tuer pour un bout de territoire, du pétrole ou  autre ressource.

Alors Oui elle était tellement mieux allongée dans l'herbe, entourée de fleurs, enivrée par leurs parfums. Un silence doucement brisé par le vol des bourdons ou autres butineuses. Sa préférée était l'éphémère libellule, qui lui faisait penser à une ballerine, tant ses mouvements étaient gracieux, légers. Ses ailes translucides, véritables voilages orientaux, la faisaient voleter de fleur en fleur, de souche en souche, délicieusement bercée par la délicate brise matinale. Elle fermait les yeux pour mieux sentir ce patchouli et cet encens, qui finissaient de la transporter dans un ailleurs, un Eden de paix, ...

Oui "Flower-Power" elle validait

Un petit champignon, tout seul dans la forêt, bien abrité sous une vieille souche d’arbre, s’ennuyait ferme. Personne à qui faire la causette… Pas le moindre champignon à l’horizon… Oh il y avait bien eu une mouche avant hier, qui l’avait survolé à trois reprises, ou encore ce beau papillon bleu qui s’était posé ce matin sur son chapeau et avait fait quelques tours pour se dégourdir les pattes et battre un peu des ailes, mais Champignon ne parle pas le papillon…

Le Pr Peter Venkman et son équipe passaient à télé dans ce qu'il fallait bien appeler une publicité. Ceci étonna Dana, plutôt habituée à voir des scientifiques dans des débats soporifiques en 2e partie de soirée, c'était d'ailleurs de très bons hypnotiques. Elle finit de se servir son verre de martini et ouvrit son frigo pour récupérer 3 glaçons. Elle était devenue une genre d'addict à ce délicieux breuvage au cours de son voyage de noces à Venise. C'était sa madeleine de Proust des plus beaux jours de sa vie. Elle était hélas seule depuis 5 ans et leur séparation, dans son bel appartement.

Elle avait passé une éreintante journée dans son musée à expliquer à des ignares ce qu'était la peinture romantique. Notamment une toile, un Delacroix inestimable, qui représentait 2 amoureux dans un angélique moment de sérénade vespérale. Il fallait bien un peu d'alcool pour digérer ce flot de questions bêtes qu'elle subissait tous les jours et qui commençait sérieusement à la dégouter de ce job.

Une étrange lumière rayonnait autour du joint du frigo, l'éclairage avait du rester allumé, il devait être en panne.

"Zuuuuul !!  "  

C'est une glaçante voix grave qui sortit d'un insondable halo de lumière  qui n'avait rien à voir avec le contenu normal du réfrigérateur
""
Surprise et terrifiée elle claqua la porte et recula, elle n'avait pourtant encore rien bu, ni fumé. "WTF ?" pensa t elle

Elle s'approcha tremblante pour retenter sa récupération de glaçons et réouvrit l'appareil brutalement tout en faisant un bond en arrière.

Cette fois tout était normal, une salade industrielle, quelques oeufs, des yaourts et quelques sauces, c'était son menu type. Elle mangeait comme un oiseau et gardait la forme et les formes en faisant beaucoup de sport. Elle espérait bien ne pas rester seule toute sa vie.

Elle prit les glaçons qui curieusement étaient à moitié fondus, comme s'ils avaient eu chaud. "My God, mais que se passe t il ?" dit elle à haute voix. Elle se souvint brutalement des voisins qui pendant la visite avec l'agent immobilier lui avaient glissé furtivement à l'oreille:

"Attention, c'est un immeuble hanté par des fantômes". Evidemment elle avait souri tout en disant poliment "Merci de l'info".

Alors c'était peut-être vrai ?

Elle n'avait clairement pas rêvé et ne se droguait pas, alors, alors, ...

Elle décrocha son téléphone et appela les Ghostbusters