Des mots imposés ... un texte créé (jeu d'écriture)

Quelques jours seulement s'était écoulés depuis qu'il lui avait dit "au revoir" à tout jamais. Dans ses narines demeurait l'odeur de la terre grasse détrempée de pluie. Ce jour là, le temps s'était accordé à son humeur, triste et désespérée, comment en aurait il été autrement ? Ce n'était pas juste un cercueil que les fossoyeurs tout de noir vêtu descendaient dans le sein de la terre. Non, c'était son amour de jeunesse qui s'éloignait de lui.

Malgré la douleur qui lui broyait le cœur Marcel était heureux pour elle. Mathilde avait fini de souffrir et là où elle irait dorénavant le monde serait certainement plus doux que la réalité qu'elle avait connue ces dernières années. Enfin c'est ce qu'il espérait, lui qui s'était sentit si vulnérable et si impuissant à soulager son tourment. Ce regret le minait et lui enlevait toute force.

Cependant ce matin là, alors qu'il essuyait la première larme du matin qui roulait dans les sillons de sa peau parcheminée, Marcel perçu la suave fragrance des roses, les fleurs préférées de Mathilde, et là bien en évidence devant leur photo de mariage, en noir et blanc, se trouvait .....un seul et unique pétale délicatement rosé.

Interloqué le vieil homme contempla le fragment délicat posé bien en évidence.  Marcel déglutit laborieusement et son cœur manqua une pulsation. L'espace d'une seconde mais qui sembla pour lui une éternité Marcel sentit une main douce se poser sur sa nuque. Un geste et une main qu'il aurait reconnu entre tous, Marcel murmura très doucement comme pour lui même.

- "Est ce toi mon amour? Es tu venu me dire que tout irait bien maintenant?"

Pour seule réponse il sentit que des lèvres fraîches se posaient sur sa bouche et la voix de celle qui lui manquait atrocement retentit dans sa tête.

- "Vis ta vie mon aimé et le moment venu, nous nous retrouverons pour toujours."

La vieille pendule de la cuisine égrena subitement les douze coups de midi et le temps reprit son envol, mais qu'importait à Marcel l'avenir, que lui importait que celui ci s'étire sur  des heures, des mois ou des années ... la certitude de revoir celle qui lui avait ravi l'âme et le cœur depuis son adolescence suffisait à son bonheur, car il le savait à présent: la mort ne sépare pas ceux qui s'aiment.